1. La mer, le littoral et le territoire du IIe s. av. J.-C. au milieu du Ier s. apr. J.-C. entre le Rhône et les Alpes Maritimes
– Adrien MALIGNAS : Vases gaulois et campaniens à Beaucaire (Gard) avant la conquête romaine
Le mobilier a été découvert en aout 2022 lors d’une opération d’archéologie préventive à Beaucaire (Gard). Situé au sud du canal actuel du Rhône, la fouille a révélé immédiatement en bordure sud du secteur, un ancien bras du fleuve aujourd’hui disparu. La majorité des vestiges sont associés l’époque romaine (entrepôt à dolia, thermes, bâtiment public, sépultures) mais l’occupation gauloise est également bien attestée. Dès cette période une digue est construite sur le bras du Rhône. Des espaces sont aménagés immédiatement contre cette structure. Les vestiges de murs rencontrés sont encore difficiles à interprétés (bâtiments, entrepôts, enclos ?). Ils délimitent un espace dans lequel a été découvert un niveau très dense en céramiques dont l’assemblage a vraisemblablement eut lieu vers la fin du IIIe ou la première moitié du IIe s av. J.-C. Ce lot est composé essentiellement de céramiques modelées locales, de campaniennes A anciennes, de pâtes claires calcaires massaliètes et de quelques amphores gréco-italiques. Certains vases présentent des traces d’utilisations et plusieurs sont bien conservés. Cet assemblage retrouvé à quelques mètres de la digue sur le Rhône, ne semble pas être d’origine domestique.
– Frédéric MARTY, Bertrand MAILLET : Une cargaison de vin tyrrhénien au seuil des embouchures du Rhône au Ier s. av. J.-C. : l’épave Fos 2 (Fos-sur-Mer, Bouches-du-Rhône)
L’épave Fos 2 est située au large de la pointe de Saint-Gervais, dans le golfe de Fos, non loin des embouchures du Rhône. Elle a fait l’objet de sondages de la part de Bertrand Maillet entre 1986 et 1990. Si les éléments en bois du navire ont disparu en totalité, des feuilles de doublage en plomb de la coque, des clous en bronze et des restes ligneux suggèrent que l’on est bien en présence du lieu du naufrage. Les recherches ont permis de mettre au jour un mobilier céramique varié autorisant à dater l’événement du milieu du Ier s. av. J.-C. Le navire transportait une cargaison principale de vin tyrrhénien conditionné en amphores Dressel 1B. D’autres amphores se rapportent à une cargaison secondaire ou à la dotation de bord : amphore campanienne Dressel 2/4, amphores adriatiques Lamboglia 2, amphores de Bétique Dressel 12, amphore égéenne Dressel 2/4, amphore levantine de type Fos 1. Une quantité notable de céramique commune italique se rapporte en partie à un complément de fret du fait que certains pots et plats de cuisson n’ont jamais été utilisés. Toutefois, l’essentiel de la vaisselle pourrait avoir fait partie de l’équipement des marins et passagers (fig. 1) dans la mesure ou certains vases ont été passés au feu tandis qu’une assiette en campanienne C est gravée au nom de son propriétaire : ALEX(ander). Cette vaisselle provient d’Italie (campanienne A, B et C, parois fines, commune italique) de Catalogne (ibérique peinte), de Gaule (céramique non tournée) et de régions à déterminer (pâte claire, mortier à pâte calcaire). La relative proximité de cette épave avec l’épave Fos 1, contemporaine, invite à s’interroger sur les éventuels liens repérables entre les deux corpus de mobilier.
– Marie PAWLOWICZ, Émilie MANNOCCI : Des vases dans la vase : un lot de mobilier d’époque hellénistique (IIe s. av. J.-C.) issu du site de La Bourse (Marseille)
En 1969, la fouille des quais découverts sur le site de la Bourse à Marseille permettait de mettre au jour les vestiges d’un des secteurs portuaires de la cité romaine. L’ouverture d’un sondage le long d’un tronçon du quai a mis au jour des niveaux antérieurs à sa mise en place, composés de vases limoneuses accumulées alors que la zone n’était pas encore fortement aménagée et ressemblait davantage à une baie bordée de plages. La reprise récente des archives de fouilles de ce sondage et l’étude préliminaire du mobilier céramique (276 NMI), dans le cadre de la thèse de doctorat de M. Pawlowicz, a permis de révéler l’existence d’un niveau de la seconde moitié du IIe siècle av. J.-C très homogène. Bien que la période hellénistique soit déjà attestée dans la cité phocéenne par d’autres contextes, ceux-ci restent encore peu exploités et publiés. L’objectif de ce poster est donc de présenter un lot de mobilier céramique issu de cette période afin de participer à une meilleure connaissance du faciès régional marseillais pour le IIe siècle av. J.-C.
– Susanne LANG-DESVIGNES : Marseille, contextes augustéens intra- et extra-muros
Marseille livre différents ensembles augustéens, dont l’assemblage se compose majoritairement des productions d’amphores locales et de vaisselle italique.
Pour la partie intra-muros ces contextes proviennent en grande partie du site de l’Alcazar, qui révèle notamment un comblement d’une fosse, résultat d’une extraction d’argile à l’époque grecque (FS9106, contexte 44 dans Bien, Lang et Bouiron à paraître). Le début de l’époque romaine voit l’achèvement du nivellement de cette dépression. La totalité de l’espace (520 m2 environ) est comblée définitivement avec l’apport d’un sédiment gris clair, qui est la réponse à la question de ce qui était advenu d’une partie du sédiment récolté lors du dragage du port romain. Le lot compte 7000 fragments pour 600 individus. La date de ce dragage est déterminée par le terminus ante quem fourni par l’apparition de l’estampille du type in planta pedis sur la sigillée italique vers 15/20 ap. J.-C., qui n’est pas encore présent dans le sédiment de l’Alcazar.
Quant aux contextes extra muros nous évoquons les lots des villae autour de la cité de Marseille, comme la « Campagne Allemand » (Boissinot 1994), où nous distinguons deux états augustéens, caractérisés par la présence ou absence des sigillées italiques (Frangin, Lang-Desvignes et Scherrer en cours ). De plus il faut mentionner les sites « Vélodrome-Teisseire » (Scherrer 2014), ou « Les Vaudrans La Valentine » (Frangin 2013).
– Axel CAUVIN : Le faciès céramique d’Olbia à l’époque hellénistique : entre dynamiques régionales et méditerranéennes
La cité d’Olbia fondée vers 325 av. J.-C. fait partie, à la période hellénistique, d’un ensemble d’agglomérations grecques qui s’égrènent sur le littoral gaulois. Fouillé dès le XXe s., le site a livré d’immenses quantités de matériel permettant de connaître dans les grandes lignes son faciès à l’époque hellénistique. Toutefois, ce n’est qu’à partir de 1982 et des investigations stratigraphiques conduites sous la direction de M. Bats que le mobilier a pu être associé à des contextes chronologiques mieux définis, offrant l’opportunité d’étudier l’évolution précise de son faciès.
Ce dernier s’inscrit au sein de nombreuses dynamiques régionales similaires à celles de plusieurs habitats gaulois tels que Lattara, Espeyran ou la Capelière. Les comparaisons sont en effet pertinentes sur plusieurs aspects comme la question des volumes d’amphores et leur provenance, sur la part des importations au sein de la vaisselle ou encore sur le remplacement des pâtes claires par les vases campaniens.
Toutefois, le faciès de la ville se distingue de l’écrasante majorité des sites régionaux par biens des points. L’origine des productions attestées, leur diversité ou les morphologies des céramiques représentées apparaissent complètement originales dans ce paysage gaulois. Ces différences sont les témoins imparfaits de la singularité des pratiques alimentaires et de table grecque dans cet environnement.
Cette communication se propose ainsi de dresser un bilan synthétique sur l’évolution du faciès céramique d’Olbia durant les trois derniers siècles de notre ère. Une image – complexe et multiple – dont les contours flous se modifient progressivement en fonction des flux et des transformations géopolitiques en Méditerranée occidentale.
– Marie-Brigitte CARRE, Laetitia CAVASSA : La vaisselle de l’épave Cap Camarat 2 (milieu du Ier s. av. J.-C.) à Ramatuelle (Var)
L’épave Camarat 2, découverte en 1978 au large de Ramatuelle (Var) par 42 m de fond, avait fait l’objet d’un vaste pillage lors du début des fouilles en 1987. Le navire, chargé principalement d’amphores africaines anciennes probablement à huile, transportait en outre une cargaison secondaire de céramiques communes italiques.
Les campagnes de fouilles ont révélé également la présence de pièces témoignant d’un certain luxe : des vases plastiques anthropomorphes à vernis noir et des statuettes en terre cuite, des coupes de verre d’origine syro-palestinienne et égyptienne, de la vaisselle de bronze, des instruments médicaux (spatule, pincette et curette). La cambuse a été identifiée à l’arrière du navire, avec un matériel de bord qui comprend de la céramique commune, de la vaisselle de table et quelques amphores à vin poissées.
Cette communication mettra l’accent sur l’étude de la vaisselle céramique. Il s’agira de faire la distinction entre matériel de bord et cargaison. La date du naufrage, autour du milieu du Ier s. av. J.-C., pourra également être précisée grâce aux données acquises sur les autres épaves connues dans ce secteur et contemporaines de Camarat 2.
– Pauline GOHIER, Emmanuel PELLEGRINO, Nicolas PORTALIER : Le mobilier du dépotoir du site du stade Pourcin (Fréjus, Var). Indices d’un atelier du premier quart du Ier s. de n.è.
L’épave Camarat 2, découverte en 1978 au large de Ramatuelle (Var) par 42 m de fond, avait fait l’objet d’un vaste pillage lors du début des fouilles en 1987. Le navire, chargé principalement d’amphores africaines anciennes probablement à huile, transportait en outre une cargaison secondaire de céramiques communes italiques.
Les campagnes de fouilles ont révélé également la présence de pièces témoignant d’un certain luxe : des vases plastiques anthropomorphes à vernis noir et des statuettes en terre cuite, des coupes de verre d’origine syro-palestinienne et égyptienne, de la vaisselle de bronze, des instruments médicaux (spatule, pincette et curette). La cambuse a été identifiée à l’arrière du navire, avec un matériel de bord qui comprend de la céramique commune, de la vaisselle de table et quelques amphores à vin poissées.
Cette communication mettra l’accent sur l’étude de la vaisselle céramique. Il s’agira de faire la distinction entre matériel de bord et cargaison. La date du naufrage, autour du milieu du Ier s. av. J.-C., pourra également être précisée grâce aux données acquises sur les autres épaves connues dans ce secteur et contemporaines de Camarat 2.
– Franca CIBECCHINI, Claudio CAPELLI, Pierre POVEDA : Entre Provence et Corse : nouvelles données sur le commerce du vin italique au début du IIe s. av. J.-C. Les épaves Fort Royal 1, Capo Sagro 3 et Alistro 1
L’épave de Fort Royal 1 a été découverte lors d’une prospection diachronique dans la zone en face de fort Royal, Ile de Sainte Marguerite, menée sous la responsabilité de Jean-Pierre Joncheray en septembre 2017. Elle a fait ensuite l’objet d’une première opération de sondage en 2019 (Anne et Jean Piere Joncheray) avant d’être l’objet d’une expertise (2021) et d’une première campagne de fouille (2022) menée par le Drassm sous la direction de Franca Cibecchini et Pierre Poveda. Le site, se trouvant à une profondeur très accessible, semblait bien conservé et représentait une occasion unique de pouvoir étudier une cargaison encore en place d’amphores gréco-italiques ainsi que la coque d’une épave du début du IIeme s. av. J.C. Pour ces raisons, cette épave a tout de suite attiré l’attention des chercheurs et, malheureusement, aussi celle des pilleurs.
Les amphores jusqu’ici attestées à Fort Royal 1 renvoient aux types retrouvés sur des épaves datées dans le premier quart du IIème s. av. J.-C., comme Baie de Briande, la Chretienne C et, plus particulièrement, Capo Sagro 3 et Alistro 1. Ces deux dernières étant des épaves intactes découvertes à très grandes profondeurs au large de la côte est de la Corse ces toutes dernières années. Ces trois épaves et leurs amphores sont réintégrées au corpus constitué d’une quinzaine d’épaves aujourd’hui connues, présentant une cargaison principale d’amphores à vin d’origine italique, accompagné ou pas de céramiques fines, datées entre la fin du IIIème siècle et la première moitié du IIème siècle avant notre ère. Epaves qui traduisent la conquête, politique et économique, de la Méditerranée occidentale par Rome, suite à la seconde guerre punique et à la conquête de la Péninsule Ibérique.
– Susanne LANG-DESVIGNES, Isabelle DAVEAU : Un faciès de référence républicain issu des sables du port antique d’Antibes (Alpes-Maritimes)
Le site du « Pré aux Pêcheurs » à Antibes concerne des strates d’ensablement du port antique. L’activité commerciale se traduit, pour la fourchette chronologique entre le IVe siècle avant et le VIIe siècle ap. J.-C., par 10 tonnes de céramiques et amphores récoltées, mêlant apports maritimes, coulés depuis les embarcations, et terrestres, rejetés depuis la berge.
La période comprise entre 200 et 50 avant notre ère se distingue par une intense activité. Le mobilier céramique rassemble 15000 fragments appartenant à 1000 individus. Pour cette phase, seuls les apports maritimes sont représentés, avec des objets jetés par-dessus bord, perdus ou cassés lors des transbordements de marchandises. Les différentes productions en transit dans le port apparaissent par séries et constituent un faciès de référence pour la période républicaine. Sous Auguste, cette partie du port antique d’Antibes connaît une activité quasi nulle.
La plus grande part des amphores et céramiques de la période comprise entre le début du IIe et le milieu du Ier siècle av. J.-C. circulant en Gaule du Sud est produite en Italie et en Gaule même. Cet assemblage est complété par de petits contingents issus des ateliers hispaniques, grecs et puniques ou néo-puniques. Le lot fournit des statistiques fiables qui permettent la confrontation avec d’autres sites de consommation. Un second lot d’Antibes, le faciès de l’enclos républicain du site du Bas-Lauvert (Daveau et Lang 2009) fournit un ensemble de comparaison issu d’un contexte terrestre.
– Simon Luca TRIGONA, Daniela GANDOLFI, Claudio CAPELLI : Les céramiques de la cargaison et le matériel de bord de la Nave Romana d’Albenga
Cette communication concerne les récentes études menées sur le matériel de l’épave de la Nave Romana d’Albenga, à partir des premières découvertes effectuées par N. Lamboglia en 1950, mise en parallèle avec les travaux pour le nouvel aménagement du Museo Navale Romano et les récentes campagnes de fouilles menées par la Surintendance de la Ligurie entre 2019 et 2021. Ces dernières, notamment concentrées dans le secteur de la pompe de cale, ont permis d’approfondir les connaissances non seulement sur la structure du navire, mais aussi sur les céramiques embarquées. Un projet pluridisciplinaire a été lancé pour étudier ces dernières, à la lumière des nouvelles connaissances et des résultats d’analyses pétrographiques ciblées. En particulier, ont été étudiés, le matériel faisant partie de la cargaison (amphores Dressel 1B, céramiques campanienne A et communes), le matériel de bord et la cuisine, ainsi que certains éléments de l’équipement du navire. Les analyses ont révélé une discrète hétérogénéité des pâtes, indiquant une provenance, tant de la cargaison que du matériel à bord, de plusieurs centres de production italiques, même relativement éloignés les uns des autres, mais essentiellement localisés dans la zone volcanique tyrrhénienne, entre le sud de la Toscane et le Golfe de Naples.
Le but final de la recherche est de contribuer à la reconstruction de la cargaison et de l’itinéraire du navire à partir du port d’origine, en se basant également sur une comparaison étroite avec des épaves similaires et, en particulier, avec celle du « navire jumeau » de la Madrague de Giens.
– Simon Luca TRIGONA, Daniela GANDOLFI, Claudio CAPELLI, Laetitia CAVASSA, Pierre POVEDA : Regards croisés sur le matériel des épaves de la Madrague de Giens et d’Albenga : l’apport des nouvelles recherches et des analyses archéométriques
Les épaves de la Madrague de Giens et d’Albenga sont considérées sur de multiples points comme des navires jumeaux.
Les récentes reprises d’études des deux contextes et les nouvelles fouilles sous-marines effectuée sur l’épave ligurienne ont permis d’avoir une vision plus précise de la composition des cargaisons et du matériel de bord de ces navires.
L’apport des analyses archéométriques est important dans ces deux dossiers, et une étude croisée des produits analysés et des résultats obtenus fournissent de précieuses informations qui seront présentées dans cette communication.
POSTERS
– Corinne ROUSSE, Frédéric MARTY : Découverte de mobilier céramique romain dans les Marais du Vigueirat (Arles), entre le port antique de Fos et le Rhône
Situé à mi-chemin entre la colonie d’Arles et le port maritime de Fos / Fossae Marianae, les Marais du Vigueirat correspondent à un secteur déprimé à proximité du bras oriental du Rhône, potentiellement traversé par le canal de Marius, grand ouvrage hydraulique creusé entre 104 et 103 av. J.-C. pour éviter les embouchures ensablées du fleuve. Les sources antiques indiquent qu’il aurait fonctionné jusqu’au haut Empire, donnant d’ailleurs son nom au port de Fos. Aujourd’hui classés en Réserve naturelle nationale, les Marais du Vigueirat n’ont pas fait l’objet d’enquête archéologique, ni livré de matériel antique, jusqu’à la découverte fortuite d’un lot de céramiques en 2010, daté de la fin du Ier s. av. J.-C.. Une vaste campagne de prospections par piquetage conduite ensuite par Otello Badan a permis d’identifier le tracé d’un paléochenal potentiellement aménagé associé à de vastes anomalies géométriques couvrant plusieurs hectares. Une recherche pluridisciplinaire conduite par le Centre Camille Jullian (CNRS / Aix Marseille université), le CEREGE (CNRS / Aix Marseille université) et le LIVE (CNRS / université de Strasbourg) a confirmé l’existence du chenal, actif à l’époque antique, et mis au jour en 2022 deux tronçons de calades (plateforme de galets soigneusement agencés) sur l’emprise des anomalies relevées. Le mobilier céramique associé est très fragmentaire, mais clairement romain et daté, grâce à quelques formes, du haut Empire (Ier – IIIe s. ap. J.-C.). Il confirme donc l’existence d’un site romain inédit, dont la fonction reste encore à définir.
– Guillaume DUPERRON, Fabrice BIGOT, Luc LONG : Les trafics commerciaux dans l’avant-port arlésien des Saintes-Maries-de-la-Mer à l’époque tardo-républicaine : quelques données nouvelles
Les recherches sous-marines conduites depuis plusieurs décennies au large des Saintes-Maries-de-la-Mer ont révélé l’existence d’une intense activité commerciale tout au long de l’Antiquité (Long, Duperron 2011). Situés devant l’une des anciennes embouchures du Rhône, de vastes dépotoirs – explorés de manière très partielle – ont livré d’abondants mobiliers céramiques, parmi lesquels on dénombre une proportion d’amphores très élevée. Les échanges se développent dès l’époque archaïque (amphores étrusques et surtout massaliètes), puis s’accroissent fortement durant la période tardo-républicaine, avec l’arrivée d’un nombre considérable d’amphores italiques (majoritairement du type Dr. 1A) associées à des céramiques campaniennes. L’objectif de ce poster est de présenter les mobiliers céramiques des IIe-Ier s. av. J.-C. mis au jour depuis la dernière publication sur cette thématique (Long, Duperron 2015). Cette remise à jour des données contribuera à une meilleure connaissance des trafics commerciaux dans la basse vallée du Rhône durant la période tardo-républicaine.
– Dimitra VOUTYREA, Frédéric MARTY, Franca CIBECCHINI : Le dépotoir submergé de l’anse des Laurons : premières réflexions à la lumière de la céramique
Située à l’est du golfe de Fos, à environ 11 km de Fos-sur-Mer, l’anse des Laurons est un petit espace protégé, composé de trois calanques, ayant livré d’importants aménagements portuaires antiques associés à une dizaine d’épaves. Les opérations, conduites par Serge Ximénès et Martine Moerman dans les années 1980-1990, ont notamment permis de mettre au jour un vaste dépotoir couvrant une superficie d’environ 3000 m². Le mobilier céramique issu de ces prospections archéologiques révélait un site à fonction commerciale dont la chronologie semblait relativement étendue (IIIe s. av. J.-C. – VIIe s. ap. J.-C.).
– Lucien RIVET, Sylvie SAULNIER : Les céramiques de l’épave Planier 3 en rade de Marseille (milieu du Ier s. av. n.è.)
Épave fouillée entre 1968 et 1975 ayant fait l’objet de courtes synthèses portant sur la cargaison d’amphores et sur quelques pièces de vaisselles dont un plat de sigillée italique à vernis rouge d’un atelier non identifié, l’estampille résistant alors à la lecture. À partir d’un des timbres sur Lamb. 2, une formidable démonstration par l’onomastique permet de déterminer que le navire s’est échoué en 47 av. n.è., ou peu avant. L’occasion, une fois encore, de rectifier la date approximative de l’apparition de la sigillée italique à vernis rouge, vers 50.
Maintenant que ce plat (signé S.P^E) est mieux connu, parfaitement grésé, il permet à nouveau de revenir sur le passage des productions à vernis noir vers celles à vernis rouge qui s’opère à cette époque. L’étude consiste à présenter le lot de vaisselle associé et encore inédite : une trentaine de formes de campanienne B et quelques exemplaires de campaniennes A, C et D (type Madrague de Giens) ; à côté de quelques gobelets à paroi fine et de balsamaires, deux types (16 ex. pour l’un, 14 pour l’autre) d’une forme haute et élancée, de grand module (et à paroi épaisse…), trouvant des airs de famille avec cette catégorie et totalement inconnue des catalogues ; des céramiques culinaires italiques (plats, faitouts, marmites et couvercles), quelques coupes-mortiers à pâte claire et quatre lampes. L’ensemble de ce lot donne une image fidèle des produits céramiques circulant au milieu du Ier s. av. n.è. dans le contexte ponctuel (représentatif ?) d’un ensemble clos (à l’époque mais aujourd’hui incomplet) [le chargement d’amphores n’est pas abordé et seul un décompte actualisé sera proposé].
– Lucien RIVET, Sylvie SAULNIER : Les céramiques de l’épave Plane 1 en rade de Marseille (milieu du Ier s. av. n.è.)
Épave essentiellement fouillée en 1975 (après avoir été « vigoureusement pillée »). Un premier article porte sur huit grands plats à vernis noir, estampillés de timbres nominatifs (QA, QA^F) et de double peltes, qui posent la question de la filiation entre les céramiques campaniennes et les premières productions arétines. Une autre notice signale qu’à leurs côtés sont collectées des coupes à vernis rouge et à vernis noir, parfois estampillées, dont les caractéristiques techniques renvoient aux sigillées de mode A (pré-sigillée ?), c’est-à-dire au début de la production de cette catégorie.
Le poster consiste à reprendre l’analyse des grands plats Consp. 1 à vernis grésé et, surtout, à mieux mettre en valeur les particularités des coupes de type Consp. 8, à vernis noir (une dizaine d’exemplaires) ou rouge (5 ex.), non grésées, de relativement médiocre qualité (et dans un état de conservation préoccupant), dont certaines portent des estampilles anépigraphes parfaitement atypiques et, sauf erreur, inconnues par ailleurs. Le but est également de présenter le récolement de ces vases parfois publiés, de façon succincte et dispersée, à quatre reprises, dans plusieurs supports. Ces pièces, particulièrement déterminantes pour cette période du milieu du Ier s. av. n.è. (datation par analogie avec le mobilier de quelques autres épaves), accompagnent un petit lot de vaisselle composée de quelques campaniennes B et C, de plats à vernis rouge pompéien et de céramiques culinaires italiques dont deux tripodes, à côté d’une quinzaine de lampes [le chargement d’amphores n’est pas abordé et seul un décompte actualisé sera proposé].
– Laurent BOREL, Alex SABASTIA, Marie-Brigitte CARRE : Nouvelles données sur la chronologie d’implantation des structures immergées d’Olbia de Provence (Var, Ier s. de n.è.)
La colonie d’Olbia de Provence est fondée par Massalia au IVe s. av. J.-C. à la racine du double tombolo de Giens. La partie immergée du site est située à la racine occidentale du double tombolo de Giens. Le site est matérialisé par un long enrochement artificiel contre lequel s’appuie un cordon littoral induré. Les premiers éléments de datation de ce cordon, qui émerge lors des grands coefficients de marée, ont été livrés dans une série d’articles publiés au début des années 2000. D’autre part l’enrochement est daté de la période flavienne depuis ces travaux sur la base d’un seul fragment d’amphore.
Depuis 2019, ces structures immergées font l’objet d’une campagne de fouille et de documentation annuelle, ayant pour but de caractériser les modes de construction, la fonction et la chronologie de l’implantation du site. Au cours de ces différentes opérations, les sondages entrepris dans le possible bassin portuaire d’Olbia n’ont pas livré d’éléments permettant d’en dater l’utilisation. En revanche, plusieurs fragments d’amphores (Pascual 1, Dressel 1, Gauloise 4…) ont été découverts dans les massifs de fondation de la « jetée » d’Olbia et permettent désormais de situer l’édification de cet aménagement vers le milieu du Ier s. apr. J.-C.
Notre poster vise à présenter les résultats des travaux entrepris ces quatre dernières années sur le site, et en particulier le mobilier permettant de dater l’édification des structures en mer liées à la colonie d’Olbia.
– Alex SABASTIA, Axel CAUVIN : Le mobilier de bord de l’épave Grande Passe 1 (Porquerolles, IIe s. av. J.-C.)
L’épave Grande Passe 1, redécouverte en 2016, quarante ans après sa déclaration, repose par 45 m de fond entre les îles de Porquerolles et de Port Cros. Bien qu’ayant été activement pillée ces dernières décennies, cinq campagnes de fouilles ont été réalisées sur le site entre 2017 et 2022, avec pour objectif de déterminer l’étendue et la chronologie des vestiges conservés.
Ces opérations ont permis de révéler les apparaux, trois amphores gréco-italiques appartenant probablement à la cargaison ainsi qu’un fond de coque en mauvais état de conservation. Les deux extrémités des vestiges du navire sont connues et comprennent différentes pièces de la charpente longitudinale, du bordé et de la membrure. La fouille de l’extrémité ouest du site a livré un ensemble cohérent qui correspond à la cuisine de bord. Dans ce secteur ont été retrouvées des pierres calcaires associées à des tuiles plates portant des traces de feu, que l’on peut interpréter comme un foyer. Y sont également concentrés les ustensiles nécessaires à la préparation, à la cuisson et à la consommation des aliments : une petite meule rotative en basalte bien adaptée à un usage à bord, au moins deux mortiers, des vases, une lopas, deux couvercles de marmite et une assiette en céramique. Cet ensemble, qui date le naufrage, offre un horizon chronologique de la première moitié du IIe s. av. J.-C., confirmé par la découverte de trois monnaies frappées à Rome entre 211 et 200 av. J.-C.
Le matériel de l’épave Grande Passe 1 constitue un ensemble clos, dont l’étude et l’interprétation qui font l’objet de cette proposition de poster permettent de documenter avec précision la vie à bord d’un navire de commerce au IIe s. av. J.-C.
– Michel PASQUALINI : Un lot de céramiques italiques à vernis rouge découvert à Fréjus
Les céramiques ont été découvertes dans une fouille préventive menée en 2010 à l’occasion d’une extension de la zone commerciale et industrielle du Capitou. Du fait de sa fondation précoce, cette installation agricole romaine située à quelques kilomètres au nord de Fréjus, offre l’occasion d’entrevoir les prémices, la forme et la chronologie des premières implantations rurales de cette colonie « viritane » (Gascou 1985 ; Rivet 2000 ; Gros 2007).
Les vestiges les plus anciens remontent au Ier s. avant notre ère. Il s’agit de constructions de type autoporté, technique utilisée pour l’édification des camps militaires, qui annoncent sans doute l’arrivée des premiers colons dans le sillage des légions qui transitent par la région entre la conquête et la déduction de la colonie de Forum-Iulii. Cette étape est suivie au début du Ier s. de notre ère, par l’édification d’une villa de plan simple, rustique et de superficie réduite. À l’ouest des pièces d’habitation – dont une tout de même au sol mosaïqué – sont distribuées à partir d’une cour à portique, tandis qu’à l’est, légèrement en contre-bas, des locaux agricoles se répartissent autour d’une cour au sol en terre battue. Dans le même temps, trois fours de potier adossés au mur de clôture nord fonctionnent. Aucun élément mis au jour dans les fours ne nous renseigne sur leur production, seule la découverte en plusieurs exemplaires d’un timbre inédit sur tuile et de tegulae présentant un système d’accrochage absent de Narbonnaise orientale mais courant dans le reste de la Gaule, permettent d’envisager au moins une production de TCA.
Les céramiques fines à vernis rouge proviennent des niveaux postérieurs aux premiers bâtiments et contemporains de l’édification de la villa et de son fonctionnement. Malgré l’ancienneté de la fondation de Fréjus qui remonte à la période césarienne, la découverte de ce type de production reste occasionnelle et se limite avant tout aux domus palatiales de la Plateforme et de la Butte Saint-Antoine ainsi qu’au « camp de la flotte d’Agrippa » quartier de Villeneuve. On peut dater cette phase d’occupation entre l’avènement d’Auguste et celui de Tibère en septembre 14 (Goudineau, Brentchaloff 2009 ; Rivet 2021).
– Pierre EXCOFFON, Juliette BOUIX : Un vide-sanitaire d’amphores découvert à Fréjus (Stade Pourcin/École des Aqueducs). Les ensembles d’amphores et les épaves comme révélateurs d’une partie du commerce maritime dans l’Antiquité
En 2016 et 2018, deux opérations de fouilles préventives réalisées à Fréjus ont été l’occasion de mettre au jour un lot de près de 380 amphores destiné à drainer un espace de circulation en constituant un vide-sanitaire. Cet ensemble, mis en place dans le courant de la première moitié du Ier s. apr. J.-C., constitue le volume d’amphores le plus important découvert à ce jour à Fréjus et apporte, comme les autres cas déjà mis au jour, une idée tout à fait intéressante des importations commerciales de la cité portuaire pour cette période. Les découvertes de vides sanitaires constitués d’amphores, par leur modalité de fabrication, constitue souvent les seuls cas de découvertes de lot conséquent d’amphores en contextes clos en milieu terrestre. Il nous est donc apparu tout à fait pertinent de comparer ces ensembles aux nombreux chargements découverts dans les épaves et constituant eux aussi des lots enfouis instantanément. Si la constitution de ces ensembles, d’un point de vu factuel, n’ont aucun rapport entre eux, il n’en demeure pas moins qu’ils sont à leur façon des marqueurs d’échanges maritimes de valeur tout à fait comparable.
Nous proposons de présenter les seuls ensembles de ce type découverts dans le sol fréjussien et de les comparer aux cargaisons de quelques épaves découvertes dans le secteur de Fréjus/Saint-Raphaël.
– Alessia CONTINO, Claudio CAPELLI : Tipologia e archeometria delle Anfore Africane Antiche dal litorale francese. I casi di Olbia e del relitto di Cap Camarat 2
Il contributo presenta i risultati dello studio tipologico-petrografico realizzato su alcune anfore del tipo Africana Antica provenienti dal sito di Olbia (Hyères) e dal relitto di Cap Camarat 2 (dov’è?). Tale studio, effettuato all’interno di una più ampia ricerca dottorale, fornisce nuovi dati in merito all’identificazione dei luoghi di origine, alla cronologia di alcune produzioni e alle direttrici commerciali di questo tipo anforico. Tali dati si aggiungono a quelli ottenuti su contenitori simili rinvenuti a Narbona, contribuendo a ricostruire la presenza delle anfore africane antiche lungo il litorale francese. Lo studio tipologico di dettaglio ha inoltre permesso di mettere in luce alcune differenze atte a identificare con maggiore certezza gli esemplari africani e a distinguerli dalle altre produzioni ovoidi diffuse tra la metà del II sec. a.C. e il I sec. a.C., negli ultimi anni oggetto di diversi studi.
– Ninon BASUAU, Vincent DUMAS : L’épave de la Madrague de Giens. Spatialisation d’une cargaison de céramiques à vernis noir
Dans le cadre du projet L’épave de la Madrague de Giens (1972-1982) – Reprise des données, dirigé par Laetitia Cavassa (CCJ) et Pierre Poveda (CCJ), l’un des objectifs est de reprendre et compléter les études sur l’ensemble de la cargaison.
En parallèle de l’analyse céramologique (études techniques, morphologiques, fonctionnelles et pétrographiques), a été mis en place un système d’information géographique (SIG) destiné à repositionner l’ensemble du mobilier mis au jour lors des onze campagnes de fouilles annuelles conduites sur l’épave.
Ce SIG est conçu comme un outil de recherche permettant de nourrir les réflexions sur l’organisation générale du navire et d’aider à la distinction des espaces réservés à la cargaison de ceux réservés à la vie à bord.
Ce poster est destiné à présenter les résultats d’une étude réalisée sur une catégorie d’objet particulière : les céramiques à vernis noir et argile grise, catégorie dont l’origine reste tout aussi méconnue que la place accordée à ces objets au sein d’un navire marchand comme celui de la Madrague.